Semaine 4 : Le genre et les changements climatiques

Bonjour à tous,

Selon les Nations Unies, « Les changements climatiques comportent des risques pour l’humanité toute entière. Pour les femmes et les jeunes filles en particulier, qui consacrent un temps inquantifiable à la recherche de nourriture, de combustibles et d’eau, ou encore luttent pour vivre de leurs cultures, les répercussions potentielles ont encore davantage de retentissement. […] Les femmes et les filles sont cependant des actrices et des agentes clés du changement. Elles jouent un rôle crucial, souvent ignoré, dans l’action en faveur de la lutte contre le changement climatique et de la gestion des ressources naturelles. »

Cette semaine, nous allons discuter des aspects sexospécifiques des changements climatiques.

  • En tant que radiodiffuseuse/radiodiffuseur, que vous disent agricultrices sur la façon dont les changements climatiques affectent leurs pratiques agricoles? Donnez-nous des exemples concrets de votre communauté.

*Les femmes ont souvent des connaissances et une expertise solides, qui peuvent être utilisé dans l’atténuation des changements climatiques, la prévention des catastrophes et des stratégies d’adaptation … quelles exemples pouvez-vous citer de votre communauté?

Pour nous aider dans notre réflexion, nous proposons un rapport très intéressant par la fondation Gaia appelé « Célébration des femmes rurales africaines : les gardiennes des semences, des aliments et du savoir traditionnels pour la résilience aux changements climatiques (en anglais)».

Le rapport donne « un aperçu de la complexité des connaissances agricoles des femmes, et leur compréhension des besoins nutritionnels et culturels de leurs familles et leurs communautés, qui sont au cœur de la souveraineté alimentaire.

Le rapport loue le rôle essentiel que jouent les femmes rurales africaines dans la sélection, la reproduction et l’augmentation de la diversité de leurs semences. Kagole Margret Byarufu, d’Hoima, en Ouganda, explique : « En nous instruisant auprès des anciens, nous redécouvrons des choses intéressantes telles qu’une sorte de citrouille qui est aussi grosse qu’une pastèque, mais qui est blanche à l’intérieur. Elle pousse bien en période sèche, est facile à cuisine, et vous pouvez nourrir les vaches avec les pelures. Nous réapprenons également à mélanger plusieurs semences différentes pendant la plantation. Dans le temps, les anciens mélangeaient les graines de mil et de haricot velu, les graines de courge-bouteille et de ricin, car chacune de ces graines joue un rôle différent. Les différentes cultures utilisent différents nutriments qu’elles tirent du sol. Par conséquent, elles s’entraident, et ce, quel que soit le temps qu’il fait, quelque chose va pousser. »

Le rapport met en évidence les voix de femmes, originaires d’Éthiopie, du Kenya, d’Afrique du Sud, de l’Ouganda et du Bénin, qui sont très actives au sein de leurs collectivités locales, et qui rétablissent la diversité des semences et reprennent leur rôle de leadership.

En tant que gardiennes du savoir encyclopédique agricole, elles souffrent de façon disproportionnée de l’expansion du modèle industriel agricole, mais elles dirigent tout de même un mouvement de riposte pour être sûres que l’avenir alimentaire de l’Afrique sera assuré par diverses sources, permettant ainsi de rafraîchir la planète et combattre les changements climatiques.

Très bonne semaine de discussion à tous.

Inoussa.

@Danieladdeh @Charles @TANG @Lamine @cirage @Meli @Bbalima où êtes-vous ? Je suis bien seul ici :frowning:

Chers et chères participantEs à la discussion,

Nous avons une contribution très intéressante de la part de nos spécialiste sur les changements climatiques et le genre, Mme Liz Hosken, co-fondatrice de la Fondation Gaia. Si vous avez des questions pour Mme Hosken, n’hésitez pas à les poser. Voici la contribution de Mme Hosken:

"D’après mon expérience, ce que j’ai lu ici est semblable au quotidien des femmes et des communautés de différents pays africains. J’étais récemment en Afrique du Sud frappée par une sécheresse persistante. Certaines femmes semaient chaque fois qu’il pleuvait un peu, mais pas assez pour faire pousser leurs cultures. Après trois tentatives de semailles, il ne leur restait plus aucune semence. Heureusement qu’elles appartenaient à un réseau de communautés d’une zone plus étendue, et ont pu de ce fait obtenir des semences auprès des femmes ayant bénéficié d’une meilleure pluviométrie. Lorsqu’il a finalement commencé à pleuvoir dans les régions plus arides, les femmes ont semé leurs graines et leurs cultures se portent bien.

Ce qu’il faut retenir ici c’est que, comme le soulignent les spécialistes des systèmes semenciers d’Afrique, face au changement climatique, il est indispensable que les collectivités soient en contact les unes avec les autres dans toutes les grandes régions, afin que les victimes d’un phénomène climatique puissent se tourner vers les femmes et les collectivités qui en sont épargnées. Le Dr Melaku Worede d’Éthiopie est un des grands experts africains en matière de systèmes semenciers. Il a étudié la génétique et a mis en place une des premières banques de gènes où sont conservées une variété de semences. Il est devenu célèbre dans le monde, car il a choisi un chemin différent. Au lieu que sa banque de gènes serve des intérêts commerciaux, celle-ci vise à répondre aux besoins des agriculteurs. En travaillant avec les agriculteurs, il a réalisé à quel point ces derniers étaient bien informés sur l’agriculture, le climat et l’écosystème en général, ainsi que sur l’importance des cycles lunaires et des constellations. Il a également admis que dans la plupart des coutumes les femmes sont les gardiennes d’une grande variété de semences et du savoir lié à la multiplication, la plantation, la sélection et l’entreposage des semences. Les femmes connaissent aussi beaucoup de choses sur la diversité biologique sauvage, étant donné que les produits sauvages jouent un rôle vital lorsqu’une sécheresse survient ou pendant le stade de croissance des cultures, et qu’ils sont très nutritifs. Ces connaissances sont transmises d’une génération à l’autre, et il en est de même pour les semences qui sont particulièrement adaptées aux conditions locales. Comme l’a souligné quelqu’un, les hommes sont également responsables de certaines cultures sur le plan traditionnel, mais moins souvent que les femmes. Lorsque la chaîne transfert du savoir et de semences se désintègre ou est brisée, et que les variétés hybrides modernes sont introduites, la qualité de la diversité baisse considérablement. Dans le contexte du changement climatique, il est nécessaire que les communautés diversifient au maximum leurs semences afin d’avoir plus de moyens pour affronter les conditions climatiques instables. Je pourrai en dire davantage, mais je vais m’arrêter ici. Pour en savoir davantage sur le Dr Melaku, le lien suivant : http://www.seedsoffreedom.info/seeds-of"

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Bonjour,

Merci beaucoup à Mme Liz Hosken pour sa contribution.
Je voudrais ajouter à ce propos quand, de mon expérience, l’observation joue un rôle capital dans la façon dont les agricultrices (et pas que) se comportent face à leur contexte climatique.
En 2014, j’ai rencontré une agriculture, dans l’Est du Burkina Faso, l’une des régions les plus arides du pays, qui utilisent les feuilles mortes comme compost. Lorsqu’on a voulu savoir pourquoi, elle a expliqué que d’abord elle n’as pas de ressources pour s’acheter des engrais, elle n’a pas d’animaux pour espérer avoir du fumier, et ensuite, qu’en observant autour d’elle, elle a remarqué là où il y a des arbustes, il y a toujours des feuilles mortes autour et cela semblait profiter à l’arbuste. C’est ainsi qu’elle a eu l’idée de collecter aussi les feuilles qui tombent des arbres pour les mettre dans son champ. Et cela a produit des résultats intéressants dès la première saison. Aujourd’hui dans son village, beaucoup de personnes ont adopté cette pratique.
Cela pour dire que les agricultrices trouvent aussi des solutions locales qui leur permettre de mieux faire face à leur contexte climatique.

Inoussa.

Nous retenons des échanges que nous avons souvent avec les agriculteurs que les changement climatiques affectent leur pratique agricole de plusieurs façons, on connaît des inondations a la suite des grandes pluies, des vents qui renversent certaines plantes, des plantes chétives avec des grands coups de soleil, et la production pas toujours importante du fait de la rareté des pluies.